Une touche à tout avec un grand talent dedans : Marie!

Tout d’abord, petite présentation?

Marie 45 ans, triathlète et traileuse. Musicienne de profession, spécialisée musique ancienne. J’enseigne la flûte à bec.

 

Comment en es-tu venue à la course à pied?

Par obligation! J’étais rameuse dans un club d’aviron spécialisé dans le canotage à mémère. Fatiguée de ramer sur de lourdes barquasse  sans possibilité de compétition, j’ai décidé de sauter le pas l’année de mes 40 ans et d’oser me lancer dans un sport qui me faisait rêver : le triathlon.

Pas de soucis pour la natation, je nageais en club depuis quelques années, pour le vélo, pas trop d’inquiétude puisque je pratiquais le monocycle 1heure par jour depuis 3 ou 4 ans, restait la course à pied qui j’avoue ne me tentais guère, alors que petite fille j’allais pourtant courir tous les dimanches en forêt avec ma sœur jumelle et mon papa.

Invitée par l’association que je soutiens de tout mon cœur France Choroïdérémie à participer à la parisienne pour porter leur couleur. J’ai fait ma première course depuis des années et tout s’est enchainé : course à pied , triathlon et maintenant trail

 

Qu’est ce qui t’as motivée à choisir ce sport plutôt qu’un autre?

La diffusion du 1er triathlon féminin de l’épreuve des JO à Sydney. J’étais fascinée par leur faculté d’enchainer les trois sports, j’adore la polyvalence. J’aimais aussi leur physique, leurs corps qui n’est  pas modelés pour une seule discipline.  Même si à ce niveau elles sont toutes au format  « belette », elles ont quand même des cuisses de cycliste et des épaules de nageuse.

En fait cela sonnait davantage comme un regret que comme un rêve: LE sport que j’aurais dû faire si j’en avais eu la possibilité -au même titre que le saut à la perche ou le patinage de vitesse-  puis finalement l’idée a fait son chemin.

 

Comment choisis tu tes courses?

C’est très variable , souvent un coup de tête, parfois entrainée par mon club, deux fois à cause de qualifs décrochées, selon l’état de mon porte monnaie, des hasards du calendrier.

Malgré tout, à force d’allonger les distances, je suis maintenant obligé de planifier à l’avance quasi l’intégralité de mon programme à cause des inscriptions qui doivent se faire de plus en plus précocement.

 

Suis tu des plans d’entraînement spécifiques?

Euh non! Je fais du sport exclusivement  pour m’amuser, j’ai un gros volume d’entrainement avec mes trois sports, j’essaye de ne pas tout le temps être en endurance et je me pousse un peu à travailler la vitesse de temps en temps, cela ne va pas plus loin.  Je n’ai  d’entraineur dans aucune des trois disciplines, je n’ai pas de pression, pas de contrainte. Juste du plaisir.

Cela dit j’essaye de faire les choses sérieusement et surtout en vélo d’alterner puissance et vélocité, de faire la course avec les copains à celui qui décroche la pancarte ou le haut de la cote. Par contre en course à pied  je fais tellement attention de ne pas risquer la blessure que j’ose à peine faire des fractionnés…

 

Comment concilies tu ta vie familiale avec la CAP?

Une histoire d’équilibre entre le temps dont j’ai besoin pour moi et celui pour la famille et les enfants. Cela ne pose guère de problème dans la mesure où ils savent que si je n’ai pas ma dose de sport je finis par devenir irascible.. et qu’ils sont à l’age où ils apprécient de ne plus avoir leur mère sur le dos trop souvent..

 

Où se trouve ton parcours préféré pour courir ?

Ce sont les plus lointains, les plus exotiques. Les trails sur l’ile de Skye ou de Harris en Ecosse, Hyde Park à Londres, Les Zatere à Venise…. je n’y cours que 5 fois par an, ou qu’une fois tous les deux ans, mais sans aucun doute ce sont mes préférés!

Sinon j’ai la chance d’avoir un joli terrain de jeu avec mes vignes de Champagne sur le pas de ma porte, mais courir à Paris me va bien aussi!

 

Tu préfères courir en club ou seule dans ton coin?

Je nage en groupe, je pédale en meute et je cours en solitaire.

Mon club de tri n’est pas dans ma ville , et puisque je n’ai pas ressenti le besoin de me rapprocher d’un des clubs de jogging de ma ville, je suppose que cela me convient bien.

 

Quel est ton plus grand souvenir de coureuse ?

Le trail de Bourbon! (alias semi diagonale des fous) J’y suis parti la fleur au fusil, c’était mon deuxième trail de ma vie, le précédent faisait 24km et je me suis retrouvé à crapahuter pendant 28h30 dans les 5000m de denivellé du parcours.. J’ai fini en larme tellement j’avais mal aux pattes mais j’ai adoré!

 

Ta 1ère course c’était où et à quelle occasion?

Les cross départementaux quand j’étais môme, le figaro.. je n’aimais guère. C’était la recherche de la performance, il fallait faire une place et j’arrivais toujours loin derrière ma sœur jumelle. Forcément :  ma spécialité à moi c’était le lancer du disque!

 

Tu alternes Triathlon, Trail, Route, tu préfères quoi?

Pour la course sur route , c’est facile : Comme je n’y prend aucun plaisir je les ai éliminées de mon calendrier.

Je n’aime que les courses où on finit comme on peut sans regarder la montre pour battre son record.

Ensuite difficile de choisir, ce sont deux périodes différentes de l’année. Je me consacre au triathlon de mai à septembre, puis lorsque la saison est terminée, j’enchaine sur les trails et J’adore ça,  mais je me sais bien davantage triathlète (et surtout cycliste) que coureuse à pied..

 

As tu un modèle de sportif et pourquoi lui ou elle?

Non je n’ai pas de modèle, juste des gens que j’apprécie pour leur personnalité.  J’aime les sportifs qui perdurent bien davantage que les éphémères coups d’éclat médiatiques.  Il est aisé de deviner que Bubka arrive en première ligne (j’avais sablé le champagne pour son 6ème titre de champion du monde)

Jeannie Longo aussi, bien évidemment. J’adore son  tempérament rebelle, je suis très admirative de  son aptitude à se foutre royalement du regard des autres, de continuer son bout de chemin en envoyant paitre tout le monde et surtout sa fédération. Son sale caractère m’émerveille autant que ses performances et son incroyable longévité.

 

As-tu un objet essentiel ou un porte bonheur ?

Un porte bonheur? Je hais toute forme de superstition merci de m’enfermer si je commence à trimballer des gris-gris ou un bracelet en prépuce de mammouth pour améliorer mes performances!

 

Un conseil pour ceux qui débutent ?

Les filles (les gars aussi mais dans une moindre mesure)! Surtout n’écoutez pas tous ces sportifs soit-disant confirmés qui vont vous suggérer plus ou moins subtilement que les triathlons / les marathons / les  ironman / les raids / les trails longues distances c’est un peu trop violent pour vous. (YEEAHH c’est pour les hommes, les vrais!! Les couillus qu’ont du poil au pattes et au menton!)  Rien de plus facile pour se faire mousser que de rabaisser les autres,  plus la victime manque de confiance en elle et plus le jeu est facile..

Tout est à la portée de chacun et de chacune, c’est juste une question de volonté et surtout d’entrainement.  Il ne faut pas se demander si on va y arriver, il faut juste se dire « comment » y arriver?

 

Quel est ton rêve ou la course mythique à laquelle tu rêves de participer et pourquoi ?

En trail : la diagonale des fous parce que j’ai adoré le trail de Bourbon et que je regrettais déjà pendant l’épreuve de ne pas l’avoir fait dans son entier.

En triathlon : le norseman , format ironman qui se termine par un trail infernal en Norvège.

Le celtman qui se lance cette année n’est pas encore mythique mais me fais déjà rêver.

Sinon Hawaï comme tout le monde!

 

Quelle est ta performance dont tu es la plus fière?

Mon titre de vice-championne de France en triathlon longue distance (catégorie V2) de juillet dernier. Même si je sais qu’il y a plein de filles meilleures que moi qui n’étaient pas là, que ce titre ne veut pas dire  grand chose, j’avoue avoir été folle de joie…mais il ne faut pas se prendre au sérieux pour autant. Les vrais championnes c’est celles qui gagnent la course en élite, pas en groupe d’age.

 

Quel regard portes tu sur les courses d’aujourd’hui?

Euh je vais peut être oser le politiquement incorrect mais je trouve qu’on ne met parfois pas assez les pieds dans le plat. Il y  des courses épouvantables, il y a aussi  des courses merveilleuses, or il est toujours d’assez mauvais ton de critiquer, on a juste le droit de s’enthousiasmer..

Moi je suis assez pour gueuler un bon coup lorsque c’est vraiment inacceptable.

Quand je songe à la parisienne, édition 2011, ses deux heures d’attente, ses maigrichonnes en porte-jarretelle se déhanchant sur le podium d’arrivée (lors d’une course de femme!!) pour exciter l’accompagnateur mâle , je regrette encore de ne pas avoir eu de tomate sous la main, Je l’aurais bien écrasée sur la face des organisatrices!

 

La grande course des templiers n’a pas grand chose à leur envier.  2800 personnes s’inscrivant sur un trail monotrace,  à la queue leu leu  pendant des heures et des heures, à l’arrêt dans toutes les cotes et toutes les descentes pendant plus de 70km cela  n’a rien plus rien d’un trail mythique, un tee shirt finisher  taille babar à l’arrivée , on l’enfile avec un grand sourire lors d’ une course à petit budget, Quand l’inscription coute la peau des fesses et qu’il reste encore 1/3 de la course à arriver, on à un peu l’impression d’être prise pour une quiche (avec raison d’ailleurs pour le coup..)

A nous de faire le ménage.

On a le choix de s’inscrire ailleurs, profitons en! Les courses foisonnent il n’y en a jamais eu autant, de toutes les distances, pour tous les gouts et la plupart du temps fort bien organisées et sympathiques, portées par des passionnés qui se décarcassent pour les participants.  Internet, les réseaux sociaux permettent de nous les faire connaitre, précipitons nous!

 

Que faudrait-il faire pour revenir aux courses plus conviviales et moins commerciales?

Qu’est ce que c’est que cette question complétement orientée? Il y a des courses commerciales qui sont incroyablement conviviales!! Allez donc vous lancer dans la baie de San Francisco lors de l’escape from Alcatraz! Course commerciale s’il en est, je n’ai jamais autant échangé avec le public, les concurrents que lors de cette épreuve. Oui c’est une organisation d’enfer et qui se fait des bénéfices, mais qui permet aussi à 2000 triathlètes de vivre un moment incroyable dans une ambiance de rêve  (et dans une eau à 12°C …. ).

 

Le prix d’inscription n’est pas un gage de convivialité.  Il y a des courses chères qui sont merdiques (voir réponses précédentes) il y a aussi des courses au saucisson avec une ambiance déplorable et une organisation déficiente . L’inverse heureusement est beaucoup plus fréquent!

 

Ton prochain objectif c’est quoi et où?

C’est le raid28 le 21 et 22 janvier. Un raid de course à pied en  orientation par équipe de 5. Départ à 21 h le samedi soir, il faut arriver le lendemain avant 16h avec le plus de balises possibles. La distance minimum à parcourir selon les choix tactiques est de 81km, le maximum de 99km…. plus si on jardine…

L’arrivée se fait à Bures sur Yvette, le lieu de départ sera connu une semaine avant la date.

 

Si tu ne courais pas, tu ferais quoi?

Encore plus de vélo!  aussi de l’informatique, de la peinture décorative, je trouverai enfin le temps de peindre des grotesques sur mes murs,   je serais encore plus fan de littérature, de cinéma, j’écrirais, je reprendrais des études (linguistique, histoire), j’irais à l’opéra plus souvent, je m’impliquerai davantage dans des associations (France-Choroïdérémie en premier lieu),  je militerai pour le droits des femmes, des homosexuels, je m’engagerai dans le combat écolo, pour la diversité, pour linux et le logiciel libre, contre les religieux de tout poil qui nous emmerdent avec leur idées bien pensantes et rétrogrades …

Ouf, je suis sportive!

 

La question qui tue :

Que penses tu des courses réservées aux femmes, çà ne fait pas un peu trop business?

Oh mais ça devient une habitude les questions dirigées!!

On aborde un chapitre compliqué pour moi mais ce n’est pas du tout le coté business qui me pose problème.

Les premières éditions de la parisienne étaient amusantes pour l’ambiance , parce que les hommes qui se déguisaient pour la courir c’était drôle et charmant. Maintenant les mecs se font déziguer (je l’ai vu en direct) et à l’arrivé on présente aux nanas un spectacle leur clamant : « la féminité idéale c’est d’être conforme au fantasme masculin, la course à pied peut vous y aider! »  là évidemment c’est indéfendable.

Cependant je vois bien en triathlon la difficulté pour beaucoup de filles novices de s’aligner dans un parc à vélo au milieu de tous ces mecs qui paradent sur l’air de « j’suis triathlète, j’me la pète »  (meuh non les gars , vous n’êtes pas tous comme ça et les filles frimeuses ça existe aussi! honte à moi de me vautrer lâchement dans le stéréotype…). Les courses à destination des femmes, les départs femmes font évidemment  partie de l’arsenal de solution pour amener la gente féminine aux sports et aux compétitions,  c’est indéniable.

Mais une épreuve réservée aux hommes,  vous trouveriez ça normal vous? Je serai la première à dégainer mes colts et à prendre le départ!

Honnêtement je pense qu’une course à destination des femmes  doit forcément accepter les mecs – même déguisés ou sans classement par exemple- pour ne pas tomber dans le piège de la ghettoisation.

Je trouve qu’il est dégradant de classer l’être humain selon son genre.

La cervelle compte bien davantage que le sexe: il y a des connasses misogynes et des hommes féministes. Un mec qui se déguise pour courir la parisienne ne vient pas pour frimer mais pour rigoler et partager un moment avec ses copines. C’est un atout pour l’ambiance et en prime il devient le garant de la mixité.

Il faut quand même garder à l’esprit que c’est toujours au prétexte de les protéger des hommes qu’on enferme les femmes dans bien des pays du monde , l’abandon de la mixité pose beaucoup plus de problème qu’il n’en règle.

Une autre approche que je trouve beaucoup plus intéressante c’est celle d’Odyssea. Des courses , des randos, mixtes, pour toute la famille et pour une bonne cause (une cause féminine en l’occurrence puisqu’il s’agit du cancer du sein), à mon humble avis c’est  bien davantage ce type de course qu’il faut privilégier pour faire venir les femmes au sport.