Il y a à peine un mois alors que terminais péniblement les 54 km du Trail des villes Royales après avoir pataugé presque 7h dans la boue , bataillé aux rares ravitos pour obtenir deux gouttes d’eau , grimpé , glissé , pesté et maudit le jour où l’idée m était venue de m inscrire , j’ avais pris la ferme décision de ne pas m’inscrire à l’Ecotrail 80….
Seulement , seulement…Ça c’était avant que David ne propose un dossard …..pour l’Ecotrail…
J’avoue que j’ai hésité ( au moins 10 s) avant de répondre , j’ai fait durer le suspens presque une heure avant de me lancer sur une épreuve que j’avais de toute façon choisie depuis plusieurs mois.
Bien entendu vu le peu de temps qu’il me restait avant le grand jour la prépa fut vite faite , un petit Semi de Paris fait à l’arrache avec un dossard gagné mi février sur lequel je me surprend tant mes sensations furent bonnes. J’y décroche même une qualif aux championnat de france en M2 ( bon c’est sûrement la qualif la plus facile à décrocher mais ça fait toujours plaisir ) . Une sortie de 2h30 la semaine suivante histoire de tester un sac que je n’emmènerai pas et m’apercevoir que je suis HS…aie aie..ça fait peur!
Et hop nous sommes à la veille du départ .

Dossard retiré le jeudi , tranquillou , peu de monde nickel , j’en profite pour m’acheter un gobelet pliable ,celui que je trimbale d’habitude me gêne car, de part sa forme, il appuie souvent sur le bas de mon dos .
Après une journée de vendredi bien remplie ,une nuit courte avec une épaule douloureuse nous voici samedi matin.

L’avantage de courir le 80 km est que le départ n’a pas lieu à l’aube du coup petit déjeuner tranquille vers 7 h, on verra bien comment je suis vers 11 h.
Ceux qui me connaissent un peu ne seront pas étonnés d apprendre que mes affaires n’étaient pas prêtes ceci dit ma tenue est toute choisie ce sera le short et le t shirt de la Team , mes manchettes , le buff des boucles  .j’emporte aussi une paire de gants et le coupe vent Compressport si léger mais tellement isolant que l’on pourrait aller au pôle nord en t shirt avec.
J’hésite encore pour les chaussures , mon choix va se porter sur ma paire de Trail , dommage mes chaussures de routes auraient été de meilleures alliées. Le terrain sera sec et sans difficultés mais ça je ne le sais pas encore.
Philippe a une accréditation presse , il va couvrir l’événement et a accès à l’arrivée .Pour pouvoir se déplacer facilement il prend sa voiture , du coup grand luxe , je suis conduite au départ en carrosse  .DSC_0008Nous arrivons sur la base de loisir un peu avant 11h , de nombreux coureurs sont déjà présents. Il fait frais, le vent est de la partie , je réalise que j’ai été optimiste avec ma tenue mais ne suis pas plus inquiète que cela , dès que je trotte j’ai chaud , il me faudra juste gérer l attente dans la zone de depart et les ravitos  ou l’on se refroidi très rapidement.
Je m’habille , retrouve les copains de courir le monde , dépose mon sac , une photos, deux photos…, hop encore une photos…
Midi quinze…c’est parti pour la balade ,je vais déclencher ma montre et je ne la regarderai plus .

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Crédit photo Jean Pierre Esprit (fait pas chaud!)

La première partie est très roulante , j’entends les coureurs commenter leurs allures et en déduit la mienne , j’ai du me caler sur du 6’30″/km instinctivement , c est un peu plus rapide que ce que j avais prévu mais je sais que les premières bosses me feront ralentir, je suis très sereine, facile , je profite .
Marino me rejoint  vers le 15 e kilomètre , nous resterons ensemble presque jusqu à la grande dame , pour fêter nos retrouvailles elle tombe gracieusement sur le chemin caillouteux , pas trop de bobos mais il lui faut quand même attendre pour aller nettoyer ses genoux.

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Le genou de Marino…par Marino

Buc est le premier ravito , il y a du monde nous en sommes à un peu plus de 2h30 de course , pendant que ma copine va se faire soigner j’en profite pour faire un petit  dextro et …horreur …4,15 g , 1,5 d acétone ..aie , aie, je n ai pas envie de revivre le fiasco du grand raid de Camargue et d être obligée d abandonner à cause de vomissement et acetone . Je vais donc employer les grands moyens…pas de ravitos sauf de l’eau et surtout une unité d insuline .le prochain arrêt sera à Meudon dans plus de 20 km mais surtout avec un terrain beaucoup plus accidenté, je verrai bien , j’ai décidé de profiter de cette course c’est moi le chef et ce n’est pas ce satané diabète qui va gâcher la fête .

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Ca grimpe fort (Crédit photo Marino)

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Crédit photo Marino

C’est reparti pour presque 3 heures de course , à mon grand étonnement nous courons toujours beaucoup , bien entendu la stratégie est claire , nous marchons dès que ca grimpe même peu mais tout le reste est couru du coup le parcours reste assez roulant.
Le paysage est sympa , mais le soleil n’a toujours pas montré son nez , c’est mort pour aujourd’ hui , je n’aurai pas quitté mon coupe vent , il est toutefois ouvert .A l’approche de Meudon le vent se lève.Il est temps d’arriver ma poche d’eau est presque vide .Alors que nous voyons le portique de contrôle le long du château les cloches de l’église sonnent , je n’ai aucune idée de l’heure, un coup ,deux, trois ,quatre , cinq….six

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Waouuuuu 18h je suis étonnée , je n ai pas vu le temps passer .
Il fait un froid de canard sur cette base , le vent souffle en rafale , je m’assoie deux minutes pour faire mon dextro….rhooooo 0,48g ah la c est clair je l’une vais pas vomir empoisonnée par l’acétone.
Deux petites barres chocolatées et c est reparti rapidement , la Sibérie c est pas mon truc .

Pour moi le plus dur est fait , il ne reste que trois étapes d’une douzaine de kilomètres chacune  soit environ 1h30 à 1h45 à chaque fois…facile ?

Nous repartons donc joyeusement en trottinant comme si nous débutions notre footing dominical
Après les belles côtes que nous venons de grimper ces 11 km semblent quasi plats , l’allure s’ accélère légèrement d’autant que la nuit commence à tomber il faut vite relier Chaville, aucune de nous deux n’a sorti sa frontale .Nous profiterons de la lampe d un concurrent pour naviguer sur le dernier kilomètre plus facilement .

La nuit est tombée dorénavant il va falloir courir sans regarder ou l’on pose les pieds et sans regarder le paysage, mais d’abord une bonne soupe avec un peu de pain et de l eau .
Pas envie de me tester , je vais savourer la fin de la course , je me sens bien , ai mangé un peu pourquoi ne pas profiter .
On blague un peu , installons nos frontales , remettons gants et zou….à nous Saint cloud.

Départ au petit trot et hop gamelle , bon be ca c’est fait , depuis le temps que trébuchais il fallait bien conclure . Pas trop de mal , on ne va pas s’abattre pour si peu .
Bien entendu l obscurité nous ralenti un peu mais le rythme me semble constant nous sommes parties depuis plus de 7h avons presque 60 km dans les jambes avec plus de 1000m de D+ et nous courons encore .

L’arrivée à Saint Cloud est magique , elle a un parfum de victoire et surtout j’ai la grande surprise de voir Philippe , je l’imaginais en train de photographier les podiums , bien au chaud dans le gymnase , et il est là dans le froid et le vent à attendre mon passage…MERCI

DSC_0451J’apprends à mon grand étonnement que nous sommes juste à 9h de course , que je serai au premier étage de la Tour Eiffel avant 11h si je le veux.
Pour fêter ça…une petite soupe , un petit tour aux toilettes sèches , et c est banzaiii.
Je vais devoir affronter pour la troisième fois la partie que je redoute le plus sur cette course , j’avais plus ou moins réussi à la maîtriser lorsque j’avais couru le 30 kms ., je l’avais subie , maudite, et surtout beaucoup marchée l’an dernier au terme du 50 .
Il faut que j’arrive à  positiver cette fraction afin de la finir vite et bien .

La sortie de la base de Saint Cloud se fait en descente sur des pavés puis un chemin plein de cailloux , j’y avais laissé une partie des paumes de mains et genoux l’été dernier lors de l’Energizer night race , je me concentre donc énormément sur mes pas , dévaler la pente est très tentant mais avec la fatigue et les 70 kms que l’on a dans les jambes cela peut être aussi dangereux. Sans me laisser griser je double toujours pas mal de coureurs et assez rapidement nous nous retrouvons le long du musée éclairé en bleu bientôt nous serons le long de la Seine.
A à ma grande surprise nous restons cette année sur le bord de la route , tant mieux les berges étaient très  casse figure , puis un bénévole nous fait traverser la route …ahhhh tient un petit changement….
Tu parles d un changement….nous voilà de nouveau en train de grimper un mur , en pleine ville cette fois ci , mais qui comptais finir sur du plat c’est râpé.
Et hop la petite troupe comme un seul homme se remet au pas , courbe le dos et grimpe silencieusement une rue à Meudon , d’ici que nous retrouvions de nouveau à l’observatoire….

Ouf les organisateurs ont eu pitié de nous, nous allons pouvoir de nouveau courir pour redescendre vers la Seine , Issy les moulineaux .
Marino a dû se doper au dernier ravito car je je la vois filer devant , je la retrouverai bien à l arrivée !
Maintenant le combat commence  , c est idiot , il doit rester 5 ou 6 kilomètres mais j’ai un coup de mou , je cours , marche 100 m , puis me ressaisie , je fixe les coureurs qui me précèdent , me met dans leur rythme puis essaie de les doubler dès qu’ils flanchent , je marche aux défis , au tient celui la sera derrière moi!
L’île aux cygnes , il ne doit pas rester plus de 3000 m , peut être moins , je vois les piliers qui soutiennent le métro , je sais que vais marcher pour monter les escaliers puis traverser , redescendre vers la Seine et voir la dame de fer à côté de moi .
Je visualise les derniers mètres je les connais , JE NE DOIS PAS FLANCHER , plus maintenant ..
La voilà elle est à côté de moi , encore quelques marches et je serai dessous .
Des dizaines de personnes sont sur les escaliers , ils sont formidables nous encourage , c’est hyper émouvant . Les bénévoles neutralisent la circulation dès que j’apparais , je traverse l’avenue sous les applaudissements , m’arrête devant l’écran géant installé au pied de la tour , je cherche l entrée , le speaker me dit de continuer et oui encore une cinquantaine de mètres à courir , c’est reparti donc ….les voilà les escaliers .
Grimper plus de 300 marches après une ballade de presque 80 km fut sans doute ce que j’ai fait de plus physique durant cette journée magique .
Malgré ma rage quelques coureurs m ont doublé ,sans même me jeter un regard.
Mais quelle émotion d’arriver ,qu’elle joie , quelle fierté d’avoir réussi sans trop peiner .

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Il n’est pas encore 23 h , mon mari est là , Marino a réussi a me coller 2 mn dans les jambes bravo à elle , je suis en pleine forme , les escaliers ne me font pas grimacer ,marcher est chose normale sans peine ni douleur…que demander de plus ?
Ah si la bière d arrivée offerte

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Bon maintenant repos , j ai marathon dimanche prochain faut être sérieux parfois ?