Tu es très connue au Québec par tes écrits et réflexions incomparables mais présentes toi si tu veux bien à nous Français !

En 2006, j’ai commencé un blog humoristique sur la maternité appelé Les chroniques d’une mère indigne et ça a été le début de ma vie d’auteure. Le blog a été publié en deux tomes et j’ai aussi fait paraître l’an dernier un livre illustré intitulé Pour en finir avec le sexe. Je publierai un premier roman à l’automne.

Tu es passée du statut de « Mère indigne » avant de te « moquer de la sexualité », Comment en es tu venue à la course à pied?

C’est une drôle d’histoire. J’avais quelques amies qui couraient mais ça ne m’attirait pas vraiment. Dans ma tête, je n’étais pas une sportive. Mais j’ai commencé à rêver la nuit que je courais et que j’adorais ça… C’était un rêve récurrent et il a commencé à m’intriguer, alors j’ai fini par m’acheter une paire de chaussures de course et j’ai commencé à courir pour vrai. J’ai adoré ça dans la vraie vie et j’ai cessé de faire ce rêve !

Qu’est ce qui t’as motivée à choisir ce sport plutôt qu’un autre ?

J’ai de mauvais souvenirs de tous les autres sports que j’ai pratiqués, et ça n’est pas la faute du sport mais la mienne ! J’ai tendance à ne pas accorder beaucoup d’importance à la compétition et donc, je ne fais pas beaucoup d’efforts pour gagner un match, quel que soit le sport. Paradoxalement, je n’aime pas non plus perdre. Bref, je ne faisais aucun effort alors je perdais tout le temps… et j’ai donc cessé de faire du sport pendant un bon 15 ans avant de commencer à courir ! Mais avec la course, je suis seule contre moi-même. Parfois je suis exigeante, parfois je suis plus relax, mais j’aime bien décider moi-même de l’humeur du jour ! Dans le fond, je suis une contrôlante qui a trouvé quel sport se laissait le plus contrôler ! 😉

Finalement pour toi, la course à pied c’est plutôt du bonus pour le corps ou plutôt pour l’esprit ?

Les deux! Je cours parfois (d’accord, souvent) pour évacuer des frustrations (et en général, à partir du septième kilomètres, je deviens très zen, wouuuuh!). Mais la course m’a aussi fait réaliser à quel point mon corps était « là ». J’ai étudié la philosophie à l’université alors disons que mon côté cérébral était un peu plus développé. Et avec la course, surprise ! J’ai découvert que mes jambes et mon cœur étaient mes amis. D’ailleurs, j’appelle amicalement mes jambes « les girls » et je donne des petits noms à mes muscles parfois endoloris (j’ai souvent de longues conversation avec mes muscles pyramidaux Tico et Rico ces temps-ci) ; je pense que c’est parce que j’étais tellement détachée de mon corps comme « machine » que j’ai besoin de lui donner des noms pour l’apprivoiser! (Vous avez le droit de penser « Elle est folle ».)


T’imposes tu des règles d’entraînement spécifiques?

Je n’ai aucune discipline pour ce qui est des règles d’entraînement. Je cours assez religieusement aux 2 jours, avec un objectif d’environ 30 kilomètres par semaine, mais j’ai une allergie aux règles précises. Je pense bientôt utiliser une méthode homéopathique pour m’y mettre (amener un tout petit peu de règles à la fois dans mes entraînements) parce que je sais que ça m’aiderait à améliorer mon temps. D’un autre côté, c’est surtout le plaisir de courir que je veux cultiver alors si ça ne passe pas par des règles, ça ne me dérange pas trop.

Comment arrives tu à faire rentrer la CAP dans toutes tes activités ?

Je travaille beaucoup à partir de chez moi alors je peux faire mes sorties en catimini alors que tout le monde pense que je planche fort sur mes projets. En quelque sorte, je cours en cachette. Et j’adore. 😉

Où se trouve ton parcours préféré pour courir ?

Le long du boulevard Gouin à Montréal, entre les routes 19 et 117. Il y a plusieurs petits parcs disséminés sur cette rue qui passe près de chez moi, et comme elle longe une rivière, il y a peu d’endroits où on doit s’arrêter, par exemple pour un feu rouge. Par contre, il y a plein de bancs avec vue sur des familles de canards – ça m’arrive assez souvent de m’y reposer, chut ! C’est très joli, vous devriez venir faire un tour.

Tu préfères courir avec tes copines ou seule dans ton coin?

J’aime bien courir seule mais courir en « placotant » est aussi un des grands plaisir de la course. J’adore aussi discuter de course à pied avec d’autres coureurs, faire partie d’un réseau social de coureurs comme DailyMile. En fait, je crois que la course est davantage une secte qu’un sport parce que cet enthousiasme à discuter pendant des heures et des heures de nos entraînements, de notre équipement, de nos parcours, de nos routines, etc., c’est très louche. Mon mari en tout cas se méfie beaucoup. Mais c’est trop tard, la secte m’a recrutée et le lavage de cerveau a super bien fonctionné. Je suis membre à vie.

Quel est ton plus grand souvenir de coureuse ?

Ma toute première sortie ! Je crois que j’ai couru 800 mètres et que je me suis arrêtée 5 fois en chemin, terriblement essoufflée, mais j’ai tout de suite senti que j’adorerais courir. Et comme je ne pensais jamais aimer un sport à ce point un jour, à chaque sortie (je cours depuis un peu plus d’un an), j’ai toujours ce moment où je me dis « Mon Dieu ! Regarde-moi ça ! Je suis capable de courir, wow ! » Un jour, je finirai par m’habituer j’imagine… mais peut-être pas !

Ta 1ère course c’était où et à quelle occasion?

Le 5k du Marathon de Montréal en 2011. J’avais commencé à courir en mai et le 5k était mon objectif ultime. J’avais réussi à le courir sous les 30 minutes, j’étais pas mal fière de moi ! Ensuite, j’ai fait un demi-marathon intérieur à l’Université de Montréal, qui consistait à compléter 137 boucles dans un gymnase. C’était toute une expérience mais imaginez pour ceux qui ont couru le marathon…

As tu un modèle et pourquoi lui ou elle?

Mon amie Patricia Tessier (auteure du blog Mieux vaut courir) ! C’est elle qui m’encourage à courir depuis le début et je suis très admirative de ses performances et de sa force mentale. En voilà une qui sait se structurer mais qui garde aussi une bonne part de folie dans ses défis. Elle m’encourage à me dépasser et à ne pas me trouver d’excuses (j’aime bien me trouver des excuses) et elle pense que j’ai plus de potentiel que je le crois moi-même. Bref, c’est un peu comme ma mère de course. Des fois je lui désobéis mais en réalité, j’adore avoir son approbation. 😉

As-tu un objet essentiel ou un porte bonheur ?

Des mouchoirs. Ça n’est pas un porte-bonheur, c’est juste essentiel. Je suis du type coureuse-qui-se-mouche-sans-arrêt. Je fais beaucoup de blagues à ce sujet mais nous ne sommes pas obligés d’entrer dans les détails. 😉

Un conseil pour ceux qui voudraient débuter demain?

Je suis encore trop novice pour donner des conseils ! Par contre, je dirais que j’ai beaucoup apprécié avoir des amis qui courent depuis déjà quelques années et qui pouvaient me « mentorer » au fil des sorties pour me rassurer, m’encourager et faire quelques courses avec moi. Ça m’a permis de m’améliorer – et de ne pas trop paniquer à chaque petit bobo !

Quel est ton rêve ou la course mythique à laquelle tu rêves de participer et pourquoi ?

Le marathon sur la grande muraille de Chine ! J’adore l’idée de visiter la planète au fil de différents marathons et la Chine, c’est le rêve ultime !


Quelle est ta performance dont tu es la plus fière?

Mon demi-marathon couru sous les 2h dimanche dernier à Ottawa (1 :58 :23). Mon objectif était de 2h05, mais je l’ai couru à la vitesse où je cours normalement un 5k. Disons que je ne pensais jamais pouvoir être aussi rapide et constante sur tout un demi-marathon. J’en suis encore étonnée ! (Ça veut aussi dire que je pourrais être beaucoup plus rapide sur mon 5k mais ça, j’aime mieux ne pas trop y penser…)

Ton prochain défi c’est quoi et où?

Je vais courir encore quelques semis et ensuite faire le grand saut vers un marathon au grand complet. En tant que fan de musique country, j’ai une espèce de fixation sur celui de Nashville. Mais comme je ne connais pas d’autres coureurs qui partagent cette faiblesse, je devrai sans doute y aller seule. 😉

Si tu ne courais pas, tu ferais quoi pour ton bien être?

Hum. Boire ? Je suis mieux avec la course, je crois.

La question qui tue :


Vas-tu entamer une réflexion sur le sport et les femmes au quotidien?

Comme je ne peux pas m’empêcher de réfléchir sur ce qui se passe dans ma vie (maternité, sexe), j’ai déjà plusieurs pages de notes pour un livre sur la course à pied. Je n’y vois pas un angle spécialement féminin mais puisque ça partira de mon expérience, j’imagine qu’il y en aura inévitablement un. Mais comme pour les autres livres, l’approche sera humoristique. Je ne peux pas m’empêcher de rire de moi-même même en courant et c’est très bien comme ça !