J’ai la chance de connaître Cécile depuis 2007, mais que de chemin parcouru pour elle depuis!

Comment en es tu venue à la course à pied et pourquoi ce sport plus précisément?
Totalement par hasard ! Enfin c’est un peu plus compliqué que ça comme souvent avec moi… Disons que si l’on y réfléchit bien j’ai toujours couru dès que j’ai pu marcher et j’ai commencé très tôt. Mes parents ont du adopter la laisse quand j’avais un an parce que je me sauvais tout le temps à toute vitesse ! Ensuite c’est venu après une vie sans sport d’aucune sorte, pour préparer le Raid Amazone, un raid d’aventures pour les filles. Pas le choix il y avait un prologue de 6km en montagne et un 16km (enfin je crois…). J’ai cru mourir et pourtant ce fut une révélation. En rentrant je me suis jurée de courir le marathon de NY et me voilà !

Pourquoi de plus en plus long et de plus en plus fou dans tes objectifs?
De plus en plus long ?

C’est simple, question vitesse je suis nulle, il me restait l’endurance. Bon je ne suis pas là non plus exceptionnelle !!! Mais bon comme je suis légèrement coriace, il m’arrive de finir une course. Je n’ai pas le sentiment de faire des choses folles puisque je reste dans des choses organisées. Traverser un continent sans assistance ça ce serait de la folie pour une femme seule. Courir le MDS c’est juste aller avec des copains dans le désert jouer à faire des pâtés de sable…

Suis tu toujours des plans d’entraînement spécifiques ou tu te fis de plus en plus à ton expérience?
Je suis des plans d’entrainements quand j’ai le temps… Mais j’ai un principe simple : s’adresser aux meilleurs pour avoir leurs conseils. Quand je prépare un 100 bornes, je m’adresse à Bruno Heubi par exemple. Si j’ai des questions sur l’UTMB je demande à Thomas Lorblanchet ou Sébastien Chaigneau.

Comment concilies tu ton boulot et ta vie de famille avec tes sorties souvent longues (j’imagine)?
En fait je suis comme beaucoup, je n’y arrive pas… je suis comme la bonne du curé, j’voudrais ben mais je peux point… Je sais que cela implique forcément que je ne serai jamais au niveau que je pourrais peut être espérer atteindre un jour mais bon franchement atteindre un jour un 3h30 à un marathon, ça changerait quoi dans ma vie ? Rien… Alors je tente de faire comme je peux. Si j’ai une sortie longue pour un ultra, dans l’absolu j’essaye de me trouver un marathon ou une course en montagne qui correspond pour faire ça avec du monde autour. Et ça me permet d’écrire un article en suite sur mes aventures. C’est pour cela que j’ai mis ma vraie carrière entre parenthèses pour le moment. Mais bon un jour il va bien falloir que je me décide à cotiser pour ma retraite ! Je n’ai jamais couru 3h toute seule dans la campagne avec mon camel back. J’admire ceux qui se lèvent à 5h du mat pour aller courir, j’en suis incapable à ce jour.

Où se trouve ton parcours préféré pour courir ?
A l’Ile de Ré, dans les marais avec mes enfants sur leurs vélos. On va à Ars en Ré, on fait une pause gourmande au Café du Commerce (genre nourriture mexicaine…) et on rentre avec forcément le vent de face au retour comme à l’aller parce qu’il a tourné.

Tu préfères courir en club ou seule dans ton coin?
Je voudrais bien aller dans un club mais le premier est à 25km, les horaires sont tout sauf compatibles avec ma vie de mère au foyer qui tente de reprendre une activité professionnelle après des années d’arrêt, donc j’ai fait une croix dessus, même si je reste persuadée que ce serait le meilleur moyen pour moi de progresser. J’ai tenté l’expérience mais leur niveau était plutôt bon et entendre tout le temps « on peut y aller, Cécile est arrivée », ça a fini par me gonfler ! Et puis j’aime bien mes moments seule avec mon lecteur MP3 sur les oreilles à écouter de la musique improbable ou un podcast d’une émission politique ou historique !

Quel est ton plus grand souvenir de coureuse ?
Comment en choisir un seul ??? C’est impossible pour moi parce qu’il y en a eu tellement. Maintenant il serait difficile pour moi de ne pas citer mon tour du monde des marathons. J’ai vécu des choses totalement inouïes pendant cette balade autour de la planète et surtout j’ai compris que c’était ça que je souhaitais faire : courir pour découvrir le monde. Mais il y a aussi forcément mon premier marathon de NY où j’ai fait la course parfaite pour moi de bout en bout, et où heureusement j’ai croisé le créateur de ce blog et son épouse par hasard dans la rue parce que sinon je crois que je serai toujours en train de chercher mon hôtel ! Et ma première course dans le désert, la Transahariana parce que je ne sais toujours pas où j’ai trouvé la force en moi de finir ce truc de malade pour moi.

Ta 1ère course c’était où et à quelle occasion?
La Parisienne, pour préparer le Raid Amazone.

As-tu un modèle de sportif et pourquoi lui ou elle?
Très sincèrement, en espérant ne vexer personne, je n’admire aucun sportif. Un chirurgien pédiatrique capable d’opérer un fœtus de quelques mois pour le remettre ensuite dans le ventre de sa mère lui sauvant ainsi la vie oui ; quelqu’un comme cette institutrice française à la retraite que j’ai rencontré un jour, qui nourrit des enfants de légumes frais au fin fond de la Cordillères des Andes en cultivant des jardins en altitude avec les graines qu’elle fait venir de France, oui je l’admire. Quelqu’un qui court… Non désolée…

As-tu un objet essentiel ou un porte bonheur ?
2 médailles de la Chapelle Miraculeuse qui sont toujours avec moi, surtout quand je prends l’avion. Je déteste prendre l’avion ! J’ai souvent aussi les bricoles que mes enfants me donnent pour mes courses un peu lointaines.

Un (bon) conseil pour ceux qui débutent ?
Accepter de prendre votre temps, ne faites pas comme moi !

Quel est ton rêve ou la course mythique à laquelle tu rêves de participer et pourquoi ?
J’ai un rêve et c’est St Jacques de Compostelle en marchant, je tiens à le préciser ! Et une course mythique à laquelle je rêve de participer, à savoir la Badwater. Je ne sais pas pourquoi parce que si l’on y réfléchit bien je crois qu’on tient là la course la plus « con » au monde, mais j’ai vu un article sur cette course alors que je ne savais même pas ce que pronatrice voulait dire et je me suis tout de suite dit « un jour tu iras là». Maintenant aurais-je le courage de monter tout un dossier de sponsoring pour ça… Je ne sais pas.

Quelle est ta performance dont tu es la plus fière?
L’ultra de la 6000D. J’ai pris ma revanche sur celle là puisque l’année d’avant j’avais rendu mon dossard un peu trop vite. J’avais besoin de me prouver que j’en viendrais au bout toute seule et je l’ai fait. Bon performance on se calme je suis juste finisheuse !

Que penses-tu du côté business de plus en plus présent sur les courses d’aujourd’hui?
On ne peut que le regretter évidemment. Maintenant si les coureurs arrêtaient de se comporter en consommateurs, les organisateurs arrêteraient peut être de se comporter en business men.

Que faudrait-il faire pour revenir aux courses plus conviviales et moins commerciales?
Accepter d’arrêter la surenchère du toujours plus, arrêter d’ouvrir les inscriptions 1 an à l’avance… Notre société a perdu toute notion de convivialité si on y pense bien, les courses ont suivi. Nous en sommes arrivés à un point où il faut nous rappeler que nous avons des voisins et que nous pouvons leur parler à l’occasion d’une soirée consacrée à eux…

Ton prochain objectif c’est quoi et où?
Objectif sérieux ou pas ? Disons que j’ai en tête de refaire un temps qualif pour Boston avant la fin de l’année mais il va falloir que je me bouge un peu ! Sinon le prochain objectif qui a un réel intérêt ce sera les 4 Deserts l’année prochaine (www.4deserts.com), 4 grandes courses dans 4 grands déserts du monde. Je crois qu’après ça je pourrais reprendre le point de croix l’esprit tranquille !

Dernière question,

Avec ton site (courir au féminin) tu as révolutionné l’approche féminine des courses, d’où t’es venue l’idée?
Je ne sais pas si j’ai révolutionné quoique ce soit sincèrement. C’est venu d’une discussion avec mon mari qui en avait marre de m’entendre pester contre les forums où toute personne qui court un marathon en plus de 4h est généralement insultée. Il m’a dit « au lieu de râler tout le temps, vas y lance toi et créée ton propre site. Quand tu veux changer les choses dans un pays tu commences déjà par voter si tu en as la possibilité au lieu de râler tout le temps, et bien là, c’est pareil ». A l’époque, parce que je n’avais pas forcément la connaissance du monde du running que j’ai maintenant, j’avais le sentiment que les femmes n’avaient pas forcément toutes la même façon de penser que les hommes, même si, dieu merci nous avons de vraies compétitrices parmi nous. J’avais aussi eu des retours qui m’avaient sidérée après la parution du texte sur mon premier marathon de femmes qui me disaient « wouah comment tu as osée prendre un dossard ? Moi je n’ose pas, tout le monde me dit que je n’en suis pas capable, mon mari le premier ». Mon âme féministe n’a fait qu’un tour et courir au féminin était né. Si j’ai permis ne serait qu’à une seule femme sur terre de réaliser son rêve en finissant son premier marathon ou sa première Parisienne, je suis la plus heureuse des filles !

Son site : http://www.courir-au-feminin.com/

Son défi : http://www.cecileautourdumonde.fr/