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Marathon de Séville

On dit que l’amour dure 3 ans, c’est donc pour cette raison qu’après 3 participations au Marathon de Barcelone avec lequel j’ai vécu une belle histoire, j’ai décidé de me tourner vers celui de Séville. L’avenir nous dira si je renoue un jour avec mon « ex » catalane !

Pourquoi Séville ? Parce que c’est une ville que j ai toujours eu envie de visiter et dont j’ai toujours entendu parler en termes élogieux.

Pierre et Julien, deux amis de la Team Marathon Connection (Team de marathoniens, formée l’été dernier) ont décidé de m’accompagner avec, qui plus est, à peu près le même objectif : passer sous les 3h30. Les détails du voyage, Avion/Hébergement/Inscription course ont été réglés dès le mois d’août (merci à Julien qui s’est occupé de tout).

Arrivée à Séville à l’heure par Ryan Air après un bon coup de frein ! Nous sommes pris en charge par Jésus, chauffeur du taxi commandé auprès de Auxi, qui nous a loué son appartement. Jésus nous dépose quasiment au pied de la Giralda, la cathédrale de Séville puisque son appartement est tout proche. Auxi, à l’anglais aussi approximatif que le mien mais suffisant pur se faire comprendre, nous montre les lieux, nous laisse les clés, un portable pour l’appeler si besoin est, et prend congé. Nous ne la verrons plus du séjour ! Un appartement, oui, mais avec les conditions d’un hôtel avec gel douche, shampooing et serviettes mis a notre disposition, plus quelques bières dans le frigo. Que dire de la vue puisqu’ en tournant la tête à gauche par la fenêtre on se prend la cathédrale en pleine face ! Génial. L’accès à l’expo n’étant pas accessible par l’unique ligne de métro, nous repassons par les services de Jésus pour nous rendre au FIBES, Palacio de Exposiciones y Congresos afin de retirer les dossards. Ô surprise, personne ne nous demande de justifier de notre identité lors du retrait au guichet , ce qui laisse supposer que n’importe qui peut retirer votre dossard. Discutable… Nous nous dirigeons vers le bureau des litiges où une charmante bénévole change notre sas pour le précédent. Nous passons sur le tapis qui scanne notre puce : c’est bon, nos noms s’affichent sur l’écran.

Après avoir récupéré notre sac a l’intérieur duquel se trouve un débardeur rouge et un short splitté noir, frappés du logo de la course et du tout nouveau sponsor, New Balance, nous faisons un tour rapide dans l’expo qui se résume à une petite poignée de stands. Nous nous arrêtons devant celui de Saucony avec une pensée pour la TMC dont la plupart des membres ne jurent que par cette marque. Roulio, le traître, essaie des NB sur le stand du même nom. Le stand NB expose des prototypes de modèles conçus spécialement pour les marathons de Tokyo, Rome, Boston et Londres. Le modèle jaune de Boston attire tout particulièrement notre attention.

Samedi matin : Roulio et Pierre décident d’aller trottiner une trentaine de minutes ; j’irai marcher un peu plus tard de mon côté vers la magnifique Plaça de Espanya. Samedi promet d’être, d’après les prévisions météo, la journée la plus belle ; nous en profiterons donc pour nous balader avec un passage obligé à l’Alcazar et ses jardins somptueux, en prenant garde ne pas parcourir trop de km la veille de l’événement.

Dimanche : Nous nous rendons au stade olympique en taxi. Il fait encore un peu frais ; la météo qui annonçait des alternances de passages nuageux s’est manifestement trompée car le ciel est totalement dégagé et le restera.

Le départ ressemble aux autres départs de marathon de même calibre (<10000 coureurs) avec une route engorgée en son milieu, nous obligeant à passer sur le côté mais qui se décante assez rapidement. Mon problème de genou, survenu un peu avant les foulées Charentonnaises, m’oblige à courir avec une genouillère par prudence. Phénomène habituel, un essaim de coureurs gravite autour du meneur 3h30, ce qui a le don d’agacer profondément Pierre et Roulio qui n’ont pas la patience d’attendre sagement à une centaine de mètres du ballon ; il décident de le doubler (une première erreur selon moi). Cette manœuvre nous mène sur des bases supérieures à celles auxquelles je comptais m’astreindre durant la 1ère moitié du marathon.

Km1 à 10 : Au passage devant la Torre del Oro et la Maestranza (les Arènes de Séville), les 3 membres de la TMC sont toujours ensemble. Le nombre dérisoire de féminines sur ce marathon (781 femmes pour 8279 hommes), nous fait remarquer la moindre fille lorsque nous la rencontrons mais l’une d’elles attire tout particulièrement notre attention, Gloria Tejado Corbacho à la foulée splendide et régulière, les écouteurs dans les oreilles, bien dans sa bulle. Nous la dépassons, commettant ainsi notre seconde erreur !

Passage au 10km : Pierre :48’38, Roulio et moi : 48’42

Pierre, visiblement bien en jambes, prend le large ; nous le rattraperons une 1ère fois mais il repartira ensuite, pour de bon cette fois. Nous traversons le district de la Macarena (sans effectuer la chorégraphie débile !) où se trouve le parlement d’Andalousie. Pierre passe le 15e km en 1h13’16 alors que Roulio et moi franchissons le panneau en 1h13’50. Je perds du terrain sur mon compagnon de fortune à chaque ravitaillement mais j’arrive à recoller au train petit à petit. Je passe au semi 3 ou 4 secondes après Roulio alors que Pierre nous précède de presqu’une minute et Gloria nous talonne à une trentaine de secondes.

C’est au km25 que je commence à ressentir une raideur au mollet droit, raideur qui va se propager sur toute la jambe, comme si celle-ci était engourdie. Une impression désagréable que je n’avais jamais ressentie sur une course auparavant. Il y a aussi un reliquat de la contracture de début février mais cela ne m’empêche pas de maintenir notre allure. Roulio commence à accuser le coup comme en témoignent ses paroles : «  ça va être dur, mais je vais me battre, tu peux me faire confiance ! ». Du pur Julien.

Nous passons au km26, tout près de l’Estadio Ramón Sánchez Pizjuán, le stade du FC Séville, douloureusement célèbre puisque c’est là que s’est joué le France-Allemagne historique de 82 ! La température est depuis nettement montée ; pas question de louper le moindre ravitaillement, sur lesquels je ne prends que des boissons glucosées pour faire simple et rapide.

Roulio et moi franchissons le contrôle du 30e km en 2h27’55 après avoir longé le stade de l’autre équipe de la ville, l’Estadio Benito Villamarín où le Betis joue ses matchs à domicile. Pierre a encore accru son avance (2h26’15 au 30!!!).

A l’entrée du Parc de Maria Luisa (km32), nous nous faisons doubler par le ballon 3h30 mais nous savons qu’il est nettement en dessous de 3h30 puisque nous-mêmes avons une bonne minute d’avance sur notre objectif. Nous voyons le meneur s’éloigner tout doucement mais inexorablement, signal révélateur du fait que nous commençons à aller moins bien. Le moment que j’attendais le plus sur ce marathon arrive au 34e km, lorsque nous contournons la somptueuse Plaça de España, l’une des plus belles places qu’il m’ait été donné de voir. Conçue pour l’Exposition ibéro-américaine de 1929 par l’architecte local Aníbal González, la place, qui a nécessité 14 ans de travaux, forme un hémicycle de 200 mètres de diamètre, symbolisant l’Espagne accueillant ses anciennes colonies.

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Elle regarde dans la direction du Guadalquivir (le fleuve qui traverse Séville), représentant le chemin vers l’Océan Atlantique et l’Amérique. Je prends quelques mètres d’avance sur Roulio car j’ai déjà en tête le ravitaillement du km35 que je veux « soigner » ( y comprendre : prendre mon temps, marcher un peu en buvant, sans stress, récupérer ). Nous regagnons le centre ville en longeant les rails du tramway ; le public se fait plus bruyant. Roulio et moi franchissons le panneau du 35e en 2h53’13 alors que Pierre continue son petit bonhomme de chemin en 2h51’29. Je m’arrête longuement au ravito comme prévu pendant que Julien me prend une centaine de mètres. Je repars doucement et c’est en longeant la Cathédrale de Santa María de la Sede, la plus grande cathédrale d’Espagne que je vois apparaître, non pas la vierge, mais Gloria qui me passe comme une balle. Je suis en admiration devant sa foulée, magnifique et facile, qui n’a pas faibli d’un pouce ; mieux, il semblerait même qu’elle soit en accélération (ses temps à l’arrivée seront là pour le confirmer). Je reste convaincu que si nous étions restés dans le sillage de Gloria, nous aurions fini notre course dans de meilleures dispositions, objectif atteint à la clé.

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Je finis par rejoindre Roulio à la sortie du centre ville. Nous passons sur l’autre rive de l’Aqualquivir par le Puente de la Barqueta. Le stade olympique est en vue et pourtant il nous faut encore zigzaguer pendant 3km devant avant de prétendre y entrer.

S’il était encore possible pour moi de passer sous les 3h30 en quittant le centre-ville, j’y ai renoncé pour attendre Roulio, puisque c’est ensemble que nous avions décidé de courir Séville et que d’autres occasions de perfer se présenteront à l’avenir.

Km40, Nous sommes passés de 5’03 de moyenne à 5’20 / 5’25. Je l’attends en marchant et buvant tranquillement sur le dernier ravitaillement. Ca y est, le stade est là, tout près, à portée de main mais nous devons encore le contourner avant d’y pénétrer. J’accélère au km41, la foulée claquante de Julien juste derrière moi, mais après un instant, je m’aperçois qu’il s’agit d’un autre coureur. Roulio a lâché prise. Je pénètre donc seul sur le stade et après ¾ de tour, je franchis la ligne d’arrivée en 3h30’39. Pierre, arrivé en 3h29’02, m’accueille, puis nous attendons quelques secondes Julien (3h31’10). Pierre nous raconte qu’il a eu un coup de mou vers le 40e comme nous mais il semble bien plus en forme que nous (il sera même en état de courir après la course lorsque j’arrivais à peine à marcher convenablement). Roulio est partagé entre la satisfaction de s’être bien battu et le sentiment d’avoir échoué par rapport à l’objectif fixé.

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Gloria, qui n’aura pas manqué, justice est faite, de dépasser Pierre également, a terminé en trombe avec un chrono final de 3h27’30, en courant les 7 derniers km à 4’45/km de moyenne !

Pour terminer, quelques statistiques :

9000 inscrits

8279 hommes

781 femmes

7386 espagnols

1614 étrangers

819 portugais

209 britanniques

120 français

3 coureurs de la TMC !!

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