Vendredi Saint était férié pour moi, ce qui fut une bonne chose. J’ai pu me reposer et franchement un jour sans me lever avant le coq, c’est trop cool. Vendredi 19h45, les sacs de Seb et moi sont prêts ainsi que nos tenues. Joël et Bernie (mes beaux-parents) arrivent. Nous passons à table et nous nous couchons tôt. Demain matin, départ à 6h car Annecy est à environ une heure de chez nous.

Nous avons été arrosés toute la semaine alors on se doute que le parcours va être plus qu’humide. Les Speedcross seront donc de la fête. Nous arrivons à Annecy-le-Vieux (pour info, ce n’est pas le vieil Annecy avec ses petits ponts et sa prison. C’est une commune à part entière limitrophe d’Annecy). Pas besoin d’agent de parking, tous bien disciplinés, nous nous garons en ligne de manière exemplaire… c’est beau à voir. Je préfère m’extasier sur le ballet des voitures que sur les gouttes qui s’écrasent lourdement sur le pare-brise.

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Direction le retrait des dossards. En ressortant, nous rencontrons Martine et Christian (oui je sais, encore eux !) puis je croise David. Il est au repos en ce moment alors il est bénévole sur ce trail des Glaisins. Je le présente alors à mon Seb, Bernie et Joël alors que voilà le « grand » Seb Chaigneau (oui, encore lui aussi) et c’est en famille car Isabel (Madame Mouss Prod) a du travail sur place.

Les dossards sont accrochés aux porte-dossards. Nous sommes prêts. En discutant du taux d’humidité, nous resterons sur « mouillé ».

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Petits speechs et briefing, 8h04 et le départ est donné.

C’est dans un joli bois que notre balade commence. L’odeur est… mouillée mais agréable. Une petite portion de bitume après 10 minutes. Je me retrouve seule, les coureurs qui sont devant s’éloignent comme s’ils étaient tous montés dans le même train. Petit virage… je ne vois plus le pare-choc arrière du coureur qui me précédait de loin. Je continue néanmoins à courir. Après une demi-heure de course, je croise le deuxième abandon : « pas possible pour moi, trop de boue » et il repart en sens inverse direction le départ. Je continue ma progression. Et là, surprise… Je vois des coureurs arrêtés. « Mais que se passe-t-il ? Mais qu’est-ce qu’il se passe ? ».

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Ah ! Ça monte ! Ah splouch splouch… de la bonne grosse bouillasse qui va bien. Notre choix de chaussures était définitivement le bon. Il y a un petit troupeau qui rencontre de grosses difficultés à monter dans la boue. Le chemin est large mais ils montent un par un tellement le terrain leur est instable. Pas envie de m’arrêter en si bon chemin, je passe en parallèle. Nickel ! Maintenant, en plus de la boue, il y a maintenant des racines et des cailloux qui ne sont pas là pour rassurer le groupe qui m’entoure. Je les vois lutter dans ces petites portions techniques, ils bataillent avec leurs jambes, leurs pieds et leurs bâtons.

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Je ne suis pas rapide mais à cette allure, on pourrait se poser faire un mikado. Bon les gars, vous allez rattraper le temps perdu sur le plat, pas moi. Je coupe donc au milieu, dans la grosse boue sans racine et sans cailloux pour stabiliser mes appuis. Et ça passe ! Je trace… aussi vite que possible.

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De retour sur un single non-gras dans les bois, je me retourne, je suis seule. Bah ils sont où mes copains ? Je continue alors surprise qu’ils ne m’aient pas rattrapée. Ou alors ils se sont vraiment arrêtés faire un mikado, va savoir. Ah !

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J’entends des pas lourds qui arrivent au loin ainsi que des voix. La première fusée me double et me décoiffe. Puis le groupe revient sur moi et me dépasse lâchement (LOL) sur le plat tendre et sec de la clairière. STOP ! Nouveau bouchon. Nouvelle bouillasse. Nouvelles cascades. Mêmes tactiques pour eux comme pour moi. Puis ça monte… et ça monte… et ça monte… J’arrive au ravito. Je dis bonjour sans vraiment regarder ces bénévoles car je suis limite au niveau de la barrière horaire. Un homme insiste deux fois sur son bonjour afin d’attirer mon attention. Il l’a ! Oh, Stéphane un secouriste. Je ne l’avais pas vu depuis environ 10 ans ! Quelle surprise ! Je ne suis pas là pour qu’on se raconte nos vies, je file. Un mémorial trône en plein brouillard… Il faut être en forme pour aller visiter le Capitaine Anjot.

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Et ça monte encore. Il y avait trois ou quatre coureurs entre les fermeuses et moi. Je les entends parler. Elles parlent beaucoup, elles parlent fort. Mais elles font comment pour revenir aussi vite ? Elles sont seules ce n’est pas possible autrement. Ça veut dire que les autres ont abandonné. Elles parlent, elles me posent des questions. Honnêtement, j’aime le calme en montagne et avoir 3 nanas qui jacassent ça me file mal au crâne. Ça monte… Ça se rafraîchit. Ça sent la neige, elle ne doit pas être loin bien que je ne la voie pas encore. Et elles parlent… Fort… Trop fort… Mais elles sont sympas… Mais pas là. Là, on n’est pas censé parler ! Nous traversons la neige et une douleur vient me piquer la fesse droite.

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Nous continuons notre ascension et j’ai de plus en plus de difficulté à lever la jambe droite tellement la douleur est pointue. Ça me fait comme une brûlure, comme une crampe. Nous n’avons pas encore atteint le sommet. Déjà que d’habitude je ne suis pas rapide mais là je me traine carrément. Il semble que les ordres envoyés par mon cerveau pour lever ma jambe n’arrivent plus au destinataire. Ça fait maintenant 250 D+ que je morfle. J’ai une autre ascension à faire. Euh… ce sera sans moi ! J’abandonne lorsque nous commençons la descente du Lachat et que nous atteignons les secouristes. Je suis pleine de boue alors ils se disent que leur voiture va ramasser. Le truc qu’on ne m’avait pas dit : il faut descendre jusqu’en bas du Lachat pour aller aux voitures. C’est cool car les secouristes sont très très sympas. On rigole bien. Il y a Bryan, Brenda, John, Mike… enfin bref que des beaux gosses et belles gosses qui sont saisonniers en pisteurs l’hiver et sports aquatiques l’été.

C’est un vrai bousier que nous devons traverser. Et zoup… les muscles de ma jambe droite épuisés de compenser ma douleur au fessier me lâchent et je me retrouve les fesses et les deux mains dans la boue bien grasse et bien collante. Le bénévole qui est le plus de près de moi dit : « euh, on avait dit qu’elle montait avec qui en voiture ? » et là, tout le monde éclate de rire. Nous en avons pour plus d’une heure à descendre. Nous croisons un ruisseau et nous nettoyons nos chaussures. Ça ne sera pas du luxe. Le ruisseau d’eau claire devient immédiatement marron.

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Nous arrivons enfin aux voitures. Les bénévoles se changent car ils sont eux aussi plein de boue. Ils rangent le matériel dans les voitures et pendant ce temps, j’ai froid et j’attrape froid. Une bâche pour protéger le siège et roule ma poule.

Nous arrivons à l’Espace Rencontre, là où ont lieu le départ, l’arrivée, le repas, les podiums… Joël passe la ligne d’arrivée au même moment.

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Let’s go to la douche parce que je ne veux pas rester mouillée et boueuse bien qu’il semblerait que ce soit bon pour la peau. Je me retrouve dans le vestiaire avec Franca que j’ai rencontré au stage de biathlon de Maïlys Drevon à l’Ecole de Ski des Glières en janvier. Alors la douche se fera en papotant. Les filles rigolent et discutent dans le vestiaire jusqu’à ce que je sorte mon tapis de bain rose bien épais après ma douche. C’est tout à coup bien silencieux ! Bah quoi ?! Je viens de me laver, je ne vais pas remettre mes pieds tout propres dans la boue pour les mettre ensuite dans des chaussettes propres ? Il est parfait mon tapis !

J’allais ramener mes affaires à la voiture quand Seb Chéri arrive ! Il me lance un « j’ai perdu ma Garmin ! ». C’est tout ce qui le préoccupe alors qu’il en a chié grave sur les 30 kilomètres de boue. Ok… à chacun ses centres d’intérêts.

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Pour moi, ce sera ostéo, atchoum ! Fièvre, tisane au thym, aaaaaatchoum ! Vicks Vaporub pommade et aaaa-aaaa-aaaatchoum… mouchoirs pendant plus d’une semaine. Oui, je suis encore dans tout ça.

Je crois qu’l va se passer plein de choses cette année alors je vous dis à bientôt.

Photos de Bernadette MARIETTE, Claude EYRAUD (http://www.monaco-athletisme.com/) et moi.